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Chronique "La Musique d'Image"

 

Depuis 2007, cette chronique vous propose de découvrir chaque été la "musique d'image" sur France Musique.

Ce terme désigne les musiques composées pour l'image, ou plutôt pour l'écran. Des musiques, mais aussi des compositeurs et des sensibilités parfois insoupçonnés venant du cinéma, de la télévision ou du jeu vidéo.

Cette chronique permet de mettre en lumière la qualité de ces musiques en dehors de leur contexte d'origine. Sans les images, les musiques de film valent-elles la peine d'être écoutées ? Sans les manettes de jeu, les musiques de jeu vidéo sont-elles intéressantes ? Et les compositeurs, comment pensent-ils leur musique, quelles que soient les finalités ?

Vous retrouverez sur ce site les archives des chroniques qui permettent de découvrir ces compositeurs et leur musique, au-delà des mots et au-delà des images.

 

Shadow os the Colossus (jeu vidéo)     Shigure no Ki (cinéma)

Jin-Roh (cinéma d'animation)

 

Chronique 2011


Index des Chroniques 2011

 

1. Chronique du Vendredi 18 Juillet 2011



Dans Musique Matin, présenté par Laurent Valière
Thème du jour : NieR, composé par Keiichi Okabe (Japon)

 

 

 

2. Chronique du Jeudi 19 Juillet 2011



Dans Musique Matin, présenté par Laurent Valière
Thème du jour : The Sheltering Sky, composé par Ryuichi Sakamoto (album Playing the Piano, 2009, Japon)

 

 

 

3. Chronique du Mercredi 20 Juillet 2011



Dans Musique Matin, présenté par Laurent Valière
Thème du jour : Metal Gear Solid, composé par Tappy Iwase (Japon)

 

 

 

4. Chronique du Mardi 21 Juillet 2011



Dans Musique Matin, présenté par Laurent Valière
Thème du jour : Jin-Roh la brigade des loups, composé par Hajime Mizoguchi (Japon)

 

 

 

5. Chronique du Lundi 22 Juillet 2011



Dans Musique Matin, présenté par Laurent Valière
Thème du jour : Dear Friends Final Fantasy V, composé par Nobuo Uematsu (Japon)

 

 

Chronique 2010


 

Index des Chroniques 2010
Thématique : Musique d'image du Japon et de Corée

 

1. Chronique du Vendredi 23 Août 2010



Dans Musique Matin, présenté par Frédérique Jourdaa
Thème du jour : Puppy Dong, par le compositeur Yiruma (Corée du Sud)

 

 

 

2. Chronique du Jeudi 24 Août 2010



Dans Musique Matin, présenté par Frédérique Jourdaa
Thème du jour : Kingdom Heart Piano Collections, par Yôko Shimomura (Japon)

 

 

 

3. Chronique du Mercredi 25 Août 2010



Dans Musique Matin, présenté par Frédérique Jourdaa
Thème du jour : Biyeolhan Geori, par Yeong-wook Jo (Corée du Sud)

 

 

 

4. Chronique du Mardi 26 Août 2010



Dans Musique Matin, présenté par Frédérique Jourdaa
Thème du jour : Phoenix Wright, par Noriyuki Iwadare (Japon)

 

 

 

5. Chronique du Lundi 27 Août 2010



Dans Musique Matin, présenté par Frédérique Jourdaa
Thème du jour : Welcome to Dongmakgol, par Joe Hisaishi (Japon/Corée du Sud)

 

Chronique 2008



Index des Chroniques 2008

 

5. Chronique du Vendredi 15 Août 2008

Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : Final Orchestral

 

4. Chronique du Jeudi 14 Août 2008

Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : Cinéma & Animation

 

3. Chronique du Mercredi 13 Août 2008

Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : Les Etats-Unis, nouveau monde

 

2. Chronique du Mardi 12 Août 2008

Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : Deux pays deux époques

 

1. Chronique du Lundi 11 Août 2008

Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : Les nouveaux classiques japonais

 

 

 

 

 

Chronique du Vendredi 15 Août 2008

 

Cinquième et dernière chronique de La Musique d'Image ce vendredi 15 aôut 2008, et une thématique en roue libre pour terminer, avec deux oeuvres très différentes, mais composées à la même période, à la fin des années 80...

Gabriel Yared
Gabriel Yared
est l'un des compositeurs français qui s'est le mieux exporté à l'étranger, notamment aux Etats-Unis. Souvent mises en relation avec Georges Delerue, les sonorités de Yared étaient, lors de ses débuts, souvent électroniques et convenaient donc parfaitement à ses travaux d'alors dont les collaborations avec Godart, Beineix ou encore le cinéma d'animation de Laloux (Gandahar, Wang-Fô) et Bruel (Ernest le Vampire).

Gabriel Yared se rendit célèbre à l'étranger en 1997 en remportant l'Oscar de la Meilleure Musique de Film pour Le Patient Anglais d'Anthony Minghella ; réalisateur qu'il retrouva à trois reprises (Le Talentueux M. Ripley, Retour à Cold Mountain...) et avec lequel il remportera également en 2007 au Festival de Cannes le prix France Musique SACEM de la meilleure musique de film avec Par Effraction.

Et pendant que Gabriel Yared composait pour Camille Claudel en 1988... les Japonais développaient ce qui peut être considéré comme une mini-révolution dans le monde de la musique : des concerts symphoniques de musiques de... jeux vidéo !

Uematsu NobuoSi le jeu vidéo développe son identité via une manière toute nouvelle de raconter des histoires et de montrer des images, sa musique n'en reste finalement pas si différente, au premier abord, de la musique de film. La seule différence notable et réellement importante réside dans la faculté des musiques de jeux dits "narratifs" d'accompagner un spectateur "actif" (qui participe à l'action, contrairement au cinéma) en s'adaptant à son niveau de compréhension, donc directement liée à ses capacités cognitives.

Le jeu vidéo se développa au Japon et dans le monde de façon sensible à la fin des années 80, pour devenir aujourd'hui l'industrie que l'on connait - le premier produit culturel du monde, bien devant les industries de la musique et du cinéma.
En 1986, les producteurs Japonais, qui faisaient déjà appel à de vrais et talentueux créateurs pour ce secteur en évolution, développèrent le concept du concert philharmonique, suivant alors les pas de la musique de film. Sugiyama Kôichi fut le premier à composer et arranger une musique issue d'un jeu vidéo, et c'est le très hollywoodien London Philharmonic Orchestra qui interpréta ces musiques littéralement sorties de nulle part !

Aujourd'hui, la musique de jeu vidéo est une industrie à part entière, avec ses bandes originales, ses labels, ses compositeurs, ses tournées de concerts et ses oeuvres cultes... ici est présentée la musique du titre mondialement célèbre Final Fantasy, composée Uematsu Nobuo et interprété pour la première fois en concert par l'orchestre symphonique de Tokyo en 1989.

 

Fiche Technique
Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : "Final Orchestral"

 

Camille Claudel1. Le Banquet

Huitième piste de la bande originale du film français Camille Claude de Nicolas Nuytten, composée et arrangée par Gabriel Yared en 1988.

Nomenclature de l'orchestre :

"18 premiers violons, 16 seconds violons, 14 altos, 12 violoncelles, 10 contrebasses.
Plus un petit quatuor à cordes en dehors de l'orchestre qui dialoguait avec le grand ensemble : 1 harpe, 2 percussions. Le 1er violon : Jack Rothstein. Orchestre dirigé par Harry Rabinowitz."
Un grand merci à Gabriel Yared pour ces précisions !



Symphonic Suite Final Fantasy2. Scene I

Première piste de l'album Symphonic Suite Final Fantasy, composé par Uematsu Nobuo, arrangé et conduit par Hattori Katsuhisa en 1989.

Interprétée par l'orchestre symphonique de Tokyo.

 

 

 

 

 

 

 

Chronique du Jeudi 14 Août 2008

 

Jan Kaczmarek
Cinéma & Animation pour cette quatrième chronique de La Musique d'Image, où nous retrouvons l'Oscar de la Meilleure Musique de Film 2005 et une oeuvre méconnue mais pourtant exceptionnelle, illustrant les images d'une oeuvre d'animation japonaise.

Malgré de nombreuses années passées à composer aux Etats-Unis, Jan Kaczmarek se rendit célèbre en écrivant la musique du film Finding Neverland, film grand public avec Johnnie Depp, mettant en scène la vie (toutefois romancée) de Sir James Matthew Barrie, le dramaturge anglais qui donna vie à Peter Pan.

La musique de ce film brille par la clarté de l'orchestration, par son style très orinique et quasi-tchaikovskien avec l'utilisation du très beau choeur d'enfants du Brompton Oratory School Choir de Londres.

Côté télévision et cinéma, le Japon fait une nouvelle fois office d'exception : si le jeu vidéo est plus puissant que le cinéma au Japon (et dans l'absolu, le jeu vidéo reste le premier produit culturel au monde sur le plan économique !), le dessin animé est également devenu, au fil des décennies, une véritable institution et industrie en Asie.
On y trouve de tout, et pas seulement des oeuvres pour enfants ou des séries violentes comme auraient tendance à le croire certains détracteurs.

Iwashiro Tarô est un compositeur montant au Japon, ayant déjà dernière lui quelques grandes oeuvres très largement reconnues dans le milieu de la musique d'images, aussi bien dans le cinéma, dans l'animation (terme généraliste et moins péjoratif que "dessin animé") et aussi dans le jeu vidéo.
Récemment, nous lui devons la formidable partition du film choc Chi to Hone ("Blood and Bones"), drame japonais mettant en scène des émigrés Coréens fuyant leur pays durant la guerre pour trouver refuge sur l'archipel nippon... développant un style particulièrement grave en se bassant principalement sur des ensembles de cordes, ce sont de véritables concerto pour violon que compose Iwashiro Tarô, mais sait aussi se faire plus conventionnel mais toujours efficace comme dans le jeu Onimusha.

Pour l'oeuvre Ruroni Kenshin Ishin shishi he no Requiem, oeuvre d'animation aux aspects très profonds et dramatiques, Iwashiro Tarô utilsa deux ensembles de cordes célèbres au Japon pour un résultat d'une gravité exceptionnelle, préfigurant son inoubliable suite orchestrale pour violon solo et orchestre composée huit ans plus tard pour le film Chi to Hone précédemment cité... nous rappelons que la bande originale de Chi to Hone, l'une des plus grandes merveilles de l'histoire du cinéma Japonais, fut éditée en France sous le label Milan Music, ce qui n'est malheureusement pas le cas de celle de Ruroni Kenshin.


Iwashiro Tarô
Iwashiro Tarô


Fiche Technique
Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : "Cinéma & Animation
"



Finding Neverland de Jan Kaczmarek

1. Where is Mr Barrie? ("Où est M. Barrie ?")

Première piste de la bande originale du film américain Finding Neverland de Marc Forster, composée et arrangée par Jan Kaczmarek, Oscar de la Meilleure Musique de Film 2005.

 

 

 

 



Ruroni Kenshin d'Iwashiro Taro

2. Epitaph

Douzième piste de la bande originale du film d'animation japonais Ruroni Kenshin de Hajiki Tsuji, composée et arrangée par Iwashiro Tarô.

Interprétée par les ensembles de cordes Masatsugu Shinozaki Group et Hiroyuki Koike Group, en 1997.


 

 

 

Chronique du Mercredi 13 Août 2008

 

Troisième chronique 100% américaine, avec la présentation de deux oeuvres - l'une cinématographique, l'autre vidéoludique - via deux compositeurs aux sensibilités et orientations musicales bien différentes...

Si les Etats-Unis riment avec Hollywood, le jeu vidéo reste l'un des milieux de prédilection des jeunes compositeurs, mais on y trouve également des griffes plus célèbres... de grands noms de la musique de film tels Lalo Schifrin, Howard Shore, Danny Elfman, Harry Gregson-williams ou encore Michael Nyman ont fait de la musique de jeu, finalement très proche de ce que l'on peut écouter au cinéma.

Jesper Kyd
Jesper Kyd
est un jeune compositeur qui s'est fait remarquer avec la musique du jeu Hitman, oeuvre narrative d'action à la musique symphonique véritablement hollywodienne... ce grand succès du jeu vidéo donna lieu à une adaptation cinématographique en 2007 par le français Xavier Gens... un très beau navet prouvant que le jeu vidéo peut donner des leçons de cinéma au cinéma quand l'envie lui prend !
Jesper Kyd, compositeur du jeu, ne participa pas au film, mais signe encore la musique des opus de la série vidéoludique, en compagnie du compositeur français Pierre Foldes pour l'orchestration et des ensembles prestigieux comme l'Orchestre Symphonique de Budapest et le choeur de la radio Hongroise.


Mais les Etats-Unis représentent bel et bien l'endroit le plus prolifique en matière de musique de film. De très grands compositeurs ont laissé leur empreinte dans l'Histoire de la musique via le cinéma, à l'instar de Bernard Herrmann, Alex North, Alfred Newman, John Williams ou encore Jerry Goldsmith. Les Etats-Unis s'accaparent même les talents étrangers, et il n'est pas rare de voir des compositeurs asiatiques ou européens faire de belles carrières à Hollywood, comme Nino Rota, Ennio Morricone, Sakamoto Ryuichi, Gabriel Yared et Maurice Jarre.

Le cas Michael Nyman est très intéressant. Ce compositeur-musicologue étudia la musique minimaliste, voue un profond respect à Philip Glass, et participa même à une musique de jeu vidéo en 1996, faisant face à tous les préjugés liés à la composition vidéoludique.
Rendu célèbre par le succès cinéma de La Leçon de Piano de Jane Campion en 1993 (Palme d'Or au Festival du Film de Cannes), Michael Nyman développe un style particulier qui ne plait pas à tout le monde ; anti-conformiste et proche de ses désirs, refusant de signer pour des grosses productions et s'essayant dans des registres très variés comme l'Opéra avec son fameux "L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau".

 

Michael Nyman
Michael Nyman

 

Fiche Technique
Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : "Les Etats-Unis, nouveau monde"



Hitman Blood Money1. Apocalypse


Première piste de la bande originale du jeu américain Hitman Blood Money, composée par Jesper Kyd et arrangée par le compositeur français Pierre Földes en 2006.

Interprétée par l'Orchestre Symphonique de Budapest et les choeurs de la radio Hongroise.



 



The Claim2. The Exchange ("L'échange")


Première piste de la bande originale du film américain The Claim ("La Réclamation") de Michael Winterbottom, composée et arrangée par Michael Nyman.

Interprétée par le Michael Nyman Orchestra en 2000.

 

 

 

 

 

 

Chronique du Mardi 12 Août 2008

 

Pour cette seconde chronique, nous explorons deux pays pour deux époques : l'Italie et l'âge d'or son cinéma dans les années 60, et la Corée du Sud, pays émergeant économiquement et culturellement, avec une oeuvre très récente de 2003.

Ennio MorriconeEn Italie, les compositeurs sont nombreux et reconnus, que cela soit dans la musique classique ou la musique de film. Si Nino Rota et Ennio Morricone sont un peu les deux arbres cachant la forêt de compositeurs italiens, ils en restent pas moins de valeureux représentants.

Ennio Morricone, dont est ici présenté un extrait de la bande originale du film La Donna Invisibile, a véritablement commencé sa carrière de compositeur au début des années 60, et devint très rapidement l'un des compositeurs les plus prolifiques : à ce jour, c'est plus 500 bandes originales de films et de téléfilms qui forment son oeuvre. Certaines années, Ennio Morricone écrivit les musiques de plus de 20 films par an !
Très célèbre pour ses musiques pour les westerns spaghetti de Sergio Leone, Morricone a également travaillé avec des réalisateurs comme Pasolini, Carpenter, De Palma, Polanski ou encore Bertolucci, et sur des oeuvres inoubliables comme Il Etait une fois en Amérique, The Mission ou encore Cinema Paradiso.

Byeong-woo Lee
La Corée du Sud est depuis quelques années une terre qui connaît un essor incroyable. "Miracle économique" selon les analystes, la Corée du Sud était l'un des pays les plus pauvres du monde après la guerre de Corée dans les années 50, mais est aujourd'hui l'une des grandes puissances du monde.
Le cinéma Coréen sort de sa létargie pour s'imposer depuis les années 90. Aujourd'hui, de très nombreux et récents films coréens connaissent des remakes aux Etats-Unis ; témoignage malheureux de la qualité du cinéma asiatique et des nouveaux talents Sud-Coréens.

Byeong-woo Lee est un célèbre guitariste classique en Corée du Sud, compositeur et interprète de ses propres compositions. Appelé au cinéma à la fin des années 90 (il débute réellement sa carrière de compositeur de musique de film en 2002), Byeong-woo Lee compose dans tous les genres pour des films qui connaissent souvent des sorties en France : Mari Iyagi (2002), Deux Soeurs (2003), The Host (2006) ou encore Le Roi et le Clown (2005).

 

Fiche Technique
Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : "Deux pays deux époques"

 



La Donna Invisibile1. Rittrato d'Autore ("Retraite d'Auteur")


Seconde piste de la bande originale du film italien La Donna Invisibile ("La Femme Invisible") de Paolo Spinola, composée et arrangée par Ennio Morricone en 1969.

 

 

 



Janghwa, Hongryeon2. Chaka un Son ("Les mains froides")

Seconde piste de la bande originale du film sud-coréen Janghwa, Hongryeon ("Deux Soeurs") de Ji-woon Kim, composée et arrangée par Byeong-woo Lee, publiée en Juin 2004.

 

 

 

 

 

 

Erratum : Le film La Donna Invisibile a été réalisé cinq ans après la rencontre entre Sergio Leone et Ennio Morricone, et non cinq ans avant, comme dit lors de la chronique. Nos excuses pour cette coquille !

 

 

Chronique du Lundi 11 Août 2008

 

Première chronique de La Musique d'Image, qui nous fait voyager jusqu'au Japon, où se cachent d'excellents compositeurs aux habitudes très singulières aux yeux - et aux oreilles ! - des occidentaux.
Au Japon, le jeu vidéo est une industrie reconnue pour son apport artistique et culturel. C'est ainsi que de nombreux compositeurs y trouvent leur voie le plus naturellement du monde ; ce milieu n'ayant rien à envier à celui de la musique de film.

Joe Hisaishi
La première composition de cette chronique est composée par Joe Hisaishi, célèbre compositeur, chef d'orchestre et pianiste Japonais, véritable star en Asie et auteur d'innombrables musiques de films, pour la télévision mais aussi parfois de jeu vidéo. On lui doit les compositeurs des films mondialement populaires de Hayao Miyazaki (Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro, Porco Rosso…) et de Takeshi Kitano (Hana Bi, L'Eté de Kikujiro, Dolls…). Il composa également en 2001 la musique du film français Le Petit Poucet, et il signa en 2004 la partition nouvelle du film classique restauré The General de Buster Keaton.


Hamauzu Masashi

La seconde composition nous vient d'images très particulières, puisqu'il s'agit d'une musique de jeu vidéo. Comme évoqué plus haut, le jeu vidéo est au Japon ce que le cinéma est en occident : de très nombreux artistes en tout genre participent régulièrement à des œuvres vidéoludiques, à l'instar du compositeur Hamauzu Masashi, qui signa parmi les plus belles musiques de jeux existantes, notamment au piano, son instrument de prédilection.
Notons que les musiques de jeux sont très souvent interprétées par des orchestres en partie ou entièrement virtuels, ce qui n'empêche pas les compositeurs et producteurs, grâce au succès de ces jeux, de réaliser des albums entièrement acoustiques, avec de véritables formations.

 

Fiche Technique
Dans Certains l'aiment tôt, présenté par Stéphane Grant
Thématique : "Les nouveaux classiques japonais"



Shigure no Ki - Joe Hisaishi

1. Unmei ("Destin")


Treizième piste de la bande originale du feuilleton japonais Shigure no Ki ("L'Arbre des premières pluies de neige"), composée et arrangée par Joe Hisaishi publiée en Octobre 1998.

 

 

 



Piano Pieces, Rhapsody on a Theme of SaGa Frontier 2

2. y+3 ("Gamma +3")


Arrangement pour piano quatre mains tiré d'une musique du jeu vidéo japonais SaGa Frontier 2, composé et arrangé par Hamauzu Masashi et interprété par Daisuke Hara et Daisuke Karasuda.

Quatorzième piste de l'album Piano Pieces, Rhapsody on a Theme of SaGa Frontier 2, publiée en Juillet 1999.

 

 

 

Chronique 2007

 

Index des chroniques 2007


9. Chronique du 02 septembre 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques orchestrales, symphonique & celtique

 

8. Chronique du 26 août 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques asiatiques

 

7. Chronique du 19 août 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques pour piano

 

6. Chronique du 12 août 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques orchestrales symphoniques

 

5. Chronique du 05 août 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques orchestrales symphoniques

 

4. Chronique du 29 juillet 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Poème musical

 

3. Chronique du 22 juillet 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Emilie Munera
Thématique : Sugiyama Koichi, le doyen des compositeurs de Jeu

 

2. Chronique du 15 juillet 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Emilie Munera
Thématique : Musiques celtiques japonaises

 

1. Chronique du 08 juillet 2007

Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Emilie Munera
Thématique : Musiques orchestrales symphoniques

 

Lundi 3 septembre 2007
Chronique du 2 septembre 2007


Pour cette neuvième et dernière chronique de cet été 2007, deux compositeurs d'exception sont abordés : Kondô Kôji et Higashino Miki.

Kondô Kôji est le compositeur attitré d'un jeu mettant en scène le personnage mondialement célèbre Mario, plombier italien de son état, parcourant les terres semées d'embûches du méchant Kuppa (appelé chez nous "Bowser") dans le but de secourir la princesse Peach. Née en 1983 en arcade et en 1985 sur la console NES de la firme Nintendo, cette série de jeux devint une véritable référence et ses épisodes sont désormais de véritables classiques du jeu vidéo. Mario est encore un personnage récurrent du jeu vidéo, toujours plus populaire.

Le père de Mario, Miyamoto Shigeru, fut le premier créateur de jeu vidéo à recevoir l'insigne de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 2006 par M. le Ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres.

Musicalement, les jeux des années 1980 ne bénéficiaient évidemment pas de moyens extraordinaires. La qualité sonore était exécrable et ne permettait aux compositeurs que peu de marge de manoeuvre... des compositeurs qui, à l'image de Kôichi Sugiyama (voir la chronique du 22 juillet 2007), prouveront quelques temps plus tard leur statut de véritables artistes, en dirigeant des orchestres entiers sur des musiques se limitant, à l'origine, à une série de sons plus ou moins agréables à l'écoute.

Kondô Kôji est l'un des pionniers de la musique moderne de jeu vidéo et reste fidèle à Mario, en composant encore et toujours les jeux mettant en scène ce personnage (en 2007, il compose pour le jeu Super Mario Galaxy sur la console Nintendo Wii).

Egalement auteur des musiques d'une autre série à succès, Zelda no Densetsu ("La légende de Zelda"), Kondô Kôji est à ce jour le compositeur le plus mondialement célèbre, dont les compositions sont souvent connues des non-joueurs.

 


Kondô Kôji, compositeur des jeux Mario et Zelda


Higashino Miki est l'une des femmes compositrices de la musique d'image au Japon (relativement nombreuses en comparaison à l'occident), mais pourtant la moins célèbre de toutes. Nous pouvons citer les formidables Kanno Yôko (les séries Ghost in the Shell, Tenku no Escaflowne et Cowboy Bebop, le film Kamikaze Girls - ex-femme du compositeur Mizoguchi Hajime), Kajiura Yuki (les séries Mai-HiME et Noir, le jeu Xenosaga), Tanioka Kumi (travail sur divers titres de Final Fantasy) ou encore Shimomura Yôko (compositrice des jeux Kingdom Hearts).

Higashino Miki a cette particularité d'avoir une sensibilité toute particulière, transcendant la série de jeux Genso Suikoden, titres s'inspirant du roman Au bord de l'eau (datant du XIVe siècle), tiré de récits chinois ancestraux. A la différence près que Higashino a une attirance toute particulière pour la musique celtique, tout comme son proche ami Mitsuda Yasunori (lui aussi "spécialiste" de musique celtique dans le jeu vidéo).

Quelques albums d'arrangements des musiques des jeux Genso Suikoden furent édités, comme le surprenant Orrizonte, le plus celtique de tous les travaux musicaux issus de la musique d'image au Japon. D'autres albums, comme ceux des séries Vocal Collection, Piano Collection ou encore Celtic Collection (!), témoigne de la richesse et la diversité de cette série de jeux. Higashino Miki, quant à elle, aura précipitemment arrêté sa carrière en 2002 pour des raisons qui lui sont propres. Elle réapparut brièvement en 2005, où elle co-composa avec son ami Mitsuda Yasunori les musiques du jeu Tsukiyo ni Saraba.

 


Higashino Miki, compositrice des jeux Genso Suikoden et Genso Suikogaiden


Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques orchestrales (symphonique & celtique)

 

Zelda no Densetsu, Toki no Okarina - Hyrule Symphony
1. Kokiri no Mori ("La forêt de Kokiri")


Arrangement classique d'une musique issue du jeu Zelda no Densetsu, Toki no Okarina ("La légende de Zelda, l'Ocarina du temps") composé par Kondo Koji et arrangé par Katsumata Ryuichi.
Seconde piste de l'album d'arrangements orchestraux Hyrule Symphony, publié en Janvier 1999.
NB :
Album interprété par un ensemble de musiciens (guitariste, ocariniste, pianiste, voix) et par l'ensemble à cordes Kuwafuji Joe Strings. Album aujourd'hui totalement épuisé, s'arrachant parfois d'occasion à plus de 200 euros sur Internet.

 

 

Genso Suikogaiden Harmonia no Kenshi
2. Haruka naru Daichi ("La terre qui devient souvenir")


Pièce illustratrice du jeu Genso Suikogaiden Harmonia no Kenshi ("le sabreur de l'harmonie"), composée et arrangée par Higashino Miki.

Dix-septième piste du second CD de la bande originale du jeu, publiée en Avril 2000.
NB : Morceau interprété par un véritable ensemble de musiciens (accordéoniste, violoniste, guitariste, voix ; percussions interprétées par la compositrice Higashino Miki).

 

 

 

 

Lundi 27 août 2007
Chronique du 26 Août 2007


Huitième et avant-dernière chronique de La Musique de Jeu.
Bien que le jeu vidéo soit un art principalement japonais, de très nombreux pays excellent en la matière. C'est le cas de la France à petite échelle, mais surtout des Etats-Unis. Cette semaine, c'est la musique traditionelle asiatique qui est à l'honneur. On y découvre comment les Américains peuvent rendre hommage de la meilleure façon qu'il soit à la musique asiatique dans le jeu vidéo. Le but est certes uniquement ludique, mais la plongée du joueur au coeur des traditions millénaires n'en est que plus fascinante...

Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques asiatiques

 

Shenmue Orchestra Version

1. Shenmue

Thème principal du jeu Shenmue, composé par Mitsuyoshi Takenobu et arrangé par Matsuo Hayato.
Première piste de l'album d'arrangements orchestraux Shenmue Orchestra Version, publié en Avril 1999.

NB : Album interprété par le Kanagawa Philharmonic Orchestra et comportant en tout cinq compositeurs pour deux orchestrateurs. Matsuo Hayato a récemment orchestré les pièces d'ouverture et de clôture du jeu mondialement célèbre Final Fantasy XII.

 


Jade Empire
2. Ill Winds ("Vents malades")

Pièce illustratrice du jeu Jade Empire, composée et arrangée par Jack Wall.
Dix-septième piste du second CD de la bande originale du jeu, publiée en Juin 2005.

NB : Bande originale interprétée par un ensemble traditionnel dont une troupe de Taiko, avec la présence de Zhiming Han, consultant en musique chinoise, qui est également chef d'orchestre, orchestrateur, compositeur et joueur virtuose célèbre dans le milieu classique chinois aux Etats-Unis. Nul doute que Zhiming Han participa à l'orchestration des musiques de Jade Empire, même si ce rôle ne lui est pas attribué officiellement.

 

 

 

 

Dimanche 19 août 2007
Chronique du 19 Août 2007


Cette septième chronique de La Musique de Jeu a pour vocation de présenter ce qui se fait probablement de mieux : les compositions pour piano. Ce qui se fait de mieux, oui, mais pratiquement par un seul et unique représentant : Final Fantasy. Un doux nom aux oreilles des connaisseurs, forcément familier à celles des néophites. Bien plus qu'une série de jeux à succès, Final Fantasy est assurément le titre le plus artistique de tous.

 

P(i)anorama de la musique de jeu

 

Dans le jeu vidéo comme au cinéma, les compositeurs vouent généralement une grande passion pour le piano. Outil de prédilection dans l'art de composer, notamment via les méthodes modernes, le piano peut servir à esquisser un futur thème orchestral ou se suffir à lui-même, tantôt enjoué, tantôt serein, illustrant avec brio un panel d'émotions symbolisées, dans le jeu vidéo comme au cinéma, par des scènes de combats, de poursuites, d'amour ou même de simple vagabondage.

 

Piano Pieces
Piano Pieces, un album piano de Hamauzu Masashi (1999)


Plusieurs séries de jeu, richement mises en musique par des compositeurs d'exception, mettent un point d'honneur à inclure de véritables instruments, mimant d'abord le cinéma, pour ensuite définir ses propres codes et sa propre sensibilité.
Chose réccurente au japon : des albums d'arrangements de musique de jeu ou de musique de film - directement produits par les créateurs eux-mêmes - sont régulièrement mis en chantier. Nous connaissons des exemples fameux mais toutefois rares de compositeurs occidentaux ayant recours à ce principe éditorial (notons l'excellent The Hours version piano de Philip Glass, ou les concerts de musique de film régulièrement édités, de Star Wars à Ennio Morricone), mais les Japonais restent maîtres en la matière en éditant parfois, comme c'est le cas avec le compositeur Joe Hisaishi, jusqu'à six albums différents sur les thèmes d'un seul et même film.

 

Les arrangements pour piano dans la musique de jeu sont aujourd'hui chose courante, notamment "in game". Quelques séries possèdent également leur album voire leur série d'albums de piano : Arc the Lad, Genso Suikoden, SaGa Frontier, Ys et bien évidemment Final Fantasy.
Une dizaine d'albums "Piano Collections" de Final Fantasy ont été produit, et le principe reste le même : les "meilleures" musiques (certains choix peuvent toutefois sembler commerciaux) du jeu choisi sont arrangées et interprétées, généralement dans un style piano classique (les premiers Piano Collections étaient également très piano jazz), par un véritable pianiste sur un véritable piano (chose qu'il n'est pas inutile de préciser lorsque l'on parle de musique de jeu !). Plus que de simples réductions pour piano, les compositions issues du catalogue Piano Collections font aujourd'hui figure d'excellence. Plus que ça, elles se détachent complètement et définitivement de l'étiquette du jeu vidéo, et peuvent s'écouter et s'apprécier seules. Les néophytes pourraient d'ailleurs s'y tromper : rien n'indique, sur les albums Piano Collections, la provenance de ces extraordinaires musiques !

 

Piano Collections Final Fantasy IV   Piano Collections Final Fantasy V   Piano Collections Final Fantasy VI

La série "Piano Collections" de Final Fantasy, pionnière et référence en matière de compositions pour piano dans la musique de jeu

 

Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Compositions pour piano


Piano Collections Final Fantasy X
1. Shugeki ("Assaut")


Arrangement pour piano d'une musique issue du jeu Final Fantasy X, composée et arrangée par Hamauzu Masashi et interprétée par Kuroda Aki.
Neuvième piste de l'album Piano Collections Final Fantasy X, publié en Février 2002.

NB : Il s'agit du premier Piano Collections de la série où trois compositeurs sont représentés. L'un d'eux signe la totalité des arrangements, chose également nouvelle.

 

Piano Collections Final Fantasy IX
2. Saigo no Tatakai ("Affrontement final")


Arrangement pour piano d'une musique issue du jeu Final Fantasy IX, composée par Uematsu Nobuo, arrangée par Hamaguchi Shiro et interprétée par le pianiste allemand Louis Leerink.
Treizième piste de l'album Piano Collections Final Fantasy IX, publié en Janvier 2001.

NB : La partition de Saigo no Tatakai suggère, en fin de morceau, un jeu avec la paume des mains. Notons les morceaux Vamo' Alla Flamenco, au style résolument hispanique, et Treno, un ragtime fabuleux, rendant parfaitement l'atmosphère finalement très occidentale des jeux Final Fantasy.

 

 

 

 

Dimanche 12 août 2007
Chronique du 12 Août 2007


Sixième chronique de La Musique de Jeu, où il est question de deux des compositeurs les plus populaires : Hamauzu Masashi, responsable d'une partie des musiques du jeu Final Fantasy X aux côtés du maître Uematsu Nobuo, et Sakuraba Motoi, issu du rock, à la formation classique, responsable des musiques de jeu les plus évasives, mais également au style difficilement définissable...

 

Hamauzu Masashi, né en Allemagne de parents musiciens, est l'un des prodiges de la musique de jeu vidéo. Commençant assez tardivement cette activité dans le milieu des années 90, c'est en composant auprès de Uematsu Nobuo, Mitsuda Yasunori ou encore Shimomura Yôko que Hamauzu se fera connaître, et où on lui confiera les musiques du jeu Chocobo no Fushigina Danjon ("Le Mystérieux Donjon du Chocobo"). Des musiques relativement pauvres, musicalement et orchestralement, si ce n'est un prélude et un final entièrement symphoniques.


Un mini-coup d'éclat qui participera à l'accession de Hamauzu aux commandes du titre SaGa Frontier II en 1999, un jeu majeur où il brillera de mille feux, et où les noms des pistes de la bande originale sont entièrement en langue allemande, comme pour rappeller le pays d'origine du compositeur. Très récemment encore, son album solo Vielen Dank ("merci beaucoup") se trouve être un véritable hommage, en direction de ses fans, à son pays natal.

 

SaGa Frontier II fit voir le jour à un album d'arrangements pour piano, Piano Pieces Rhapsody on a Theme of SaGa Frontier II. Très rapidement, Hamauzu passera à la vitesse supérieure et sera le premier compositeur à succéder à Uematsu Nobuo dans la série Final Fantasy. Parti de rien, en quatre ans, Hamauzu deviendra alors l'un des compositeurs les plus prestigieux et les plus populaires du Japon. Pianiste dans l'âme, il ira même jusqu'à arranger la totalité de l'album Piano Collection Final Fantasy X, un des joyaux de la musique de jeu.

 

Hamauzu Masashi, Kuroda Aki et le compositeur  Uematsu Nobuo
Hamauzu Masashi et la pianiste Kuroda Aki, sous le regard bienveillant d'Uematsu Nobuo, observant celui qui deviendra progressivement son successeur sur la série Final Fantasy


Sakuraba Motoi, quant à lui, est issu du rock. Son groupe au nom français, Déjà Vu, est un mélange pas toujours subtil mais plutôt savant de rock et de symphonique. Un unique album sera publié au nom très évocateur, Baroque in the Future.
Arrivant dans le jeu vidéo au début des années 90, Sakuraba s'y fera vite un nom, mais son style sera sans cesse - et encore aujourd'hui - critiqué par sa trop grande diversité et sa propantion à mélanger les genres dans des musiques au bord de la cacophonie. Illustrant avec un éclectisme rare les jeux pour lesquels il travaille - symphonique, metal, techno, jazz ; tout y passe ! - Sakuraba développera dans son oeuvre un aspect très mélodieux et d'une richesse hors-norme, lui-même étant un excellent pianiste à la technique bien rodée et à la formation assurément classique.

 

Toujours très friand par la présence de son instrument favori dans ses pièces musicales, Sakuraba Motoi montre tout son talent dans la composition de morceaux hybrides, où musique sacrée, acid jazz et électronique s'entremêlent. Musicien de scène avant tout, c'est entouré de son fidèle piano et de ses nombreux synthétiseurs - à la manière de Vangelis - que Sakuraba prend toute sa démesure. Iil est non seulement l'un des compositeurs le plus complets et doués de sa génération, mais également l'un des plus décriés, de part le trop grand décalage entre ses multiples facettes.

 

Sakuraba Motoi
Sakuraba Motoi, compositeur des jeux Star Ocean et Valkyries Profile


Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques orchestrales symphoniques


Chocobo no Fushigina Danjon
1. Prelude

Pièce musicale issue du jeu Chocobo no Fushigina Danjon ("Le donjon mystérieux du Chocobo"), composée et arrangée par Hamauzu Masashi.
Première piste de la bande originale du jeu, publiée en Décembre 1997.

NB : Haijima Kôji à la direction d'orchestre. Première bande originale entièrement composé par Hamauzu Masashi seul.

 

 

 

Star Ocean The Second Story
2. We Form in Crystals

Pièce illustrative du jeu Star Ocean The Second Story, composée et arrangée par Sakuraba Motoi.

Dizième piste d'un album d'arrangements des musiques tirées du jeu, publiée en Novembre 1998.

 

 

Dimanche 5 août 2007
Chronique du 5 Août 2007


Pour cette cinquième chronique de La Musique de Jeu, je propose une programmation en roue libre. Pas de thématique, donc, simplement deux morceaux sans liens apparents, ce qui me permet tout de même de parler de l'inspiration des compositeurs de musique de jeu vidéo d'oeuvres ou de périodes célèbres de l'histoire de la musique.

 

Influences et variations

 

La musique de jeu vidéo reste un art très récent, et ses compositeurs ont toujours prouvé leur attachement à la musique classique et la musique de film.
Sugiyama Kôichi n'a jamais caché ses penchants pour Saint-Saëns, Bach ou encore Debussy (voir la chronique du 22 juillet 2007), et bien d'autres compositeurs se trouvent dans son sillage. Kondô Kôji, notamment, compositeur-star de la mondialement célèbre saga Mario, s'était amusé, en 1986, à écrire un thème vaguement inspiré du Bolero de Maurice Ravel pour le non-moins célèbre Zelda no Densetsu ("La légende de Zelda").

 

Iwadare Noriyuki
Iwadare Noriyuki, compositeur des jeux Lunar et Grandia


Très récemment encore, le jeu Eternal Sonata - Chopin no Yume ("Sonate Eternelle - Le rêve de Chopin") reprend, fort logiquement d'ailleurs, des compositions issues du répertoire de Frédéric Chopin, interprétées par le pianiste russe Stanislav Bunin, entre autres musiques de Sakuraba Motoi. Chopin qui fut très souvent repris dans le jeu vidéo : de Hanjuku Hero (par Uematsu Nobuo, le compositeur des Final Fantasy, dévoilant sans peine ses influences, de Nino Rota à Tchaikovsky, en passant par Elton Jones et Vangelis !) à Alone in the Dark (par Philippe Vachey, compositeur français pionnier dans l'utilisation d'instruments virtuels dans le jeu vidéo).

 

Dernière grande inspiration en date : Drag-on Dragoon 2 (édité en occident sous le titre "Drakengard 2"), dont la bande originale, composée avec un brio indiscutable par Aoi Yoshiki, comporte un court et curieux concerto pour piano nommé Unmei, qui se trouve être, en réalité, une variation évidente du premier mouvement du second concerto pour piano en do mineur de Sergeï Rachmaninov.

 

Plus moderne et probablement moins audacieuse, la reprise du fabuleux L'Estasi dell' Oro d'Ennio Morricone (pour le film Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone) dans le jeu "westernien" Wild Arms par Naruke Michiko, prouve par ailleurs qu'une fois de plus, l'apparenté du jeu vidéo au cinéma, s'il n'est pas toujours évident, reste toutefois indéniable.


Ecoutez le surprenant comparatif entre
L'Estasi Dell' Oro d'Ennio Morricone et Koya no Watari Tori de Naruke Michiko


Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Musiques orchestrales symphoniques


Drag-Dragoon 2
1. Unmei ("Destin")


Pièce musicale issue du jeu Drag-Dragoon 2, composée et arrangée par Aoi Yoshiki.
Seconde piste de la bande originale du jeu, publiée en Juillet 2005.

NB : Bande originale interprétée par un orchestre indéterminé et par le Tokyo Philharmonic Chorus.

 

 

 

Grandia Volume 1
2. Leen Ai no Theme ("Thème d'amour - Leen")


Pièce illustrative du jeu Grandia, composée et arrangée par Iwadare Noriyuki.
Onzième piste du premier CD de la bande originale du jeu, publiée en Décembre 1997.

NB : L'un des rares premiers jeux vidéo à utiliser massivement un réel petit ensemble orchestral, comprenant le Masatsugu Shinozaki Group aux cordes. Il s'agissait également d'un des premiers jeux à comporter autant de CD dans sa bande originale (quatre au total pour deux albums publiés).

 

 

 

 

Dimanche 29 juillet 2007
Chronique du 29 Juillet 2007


Quatrième chronique de La Musique de Jeu. Après avoir évoqué les institutions de ce milieu musical au Japon (Uematsu Nobuo, Mitsuda Yasunori et Sugiyama Koichi), j'attaque cette fois des thématiques un peu diverses. Cette fois, le "Poème Musical" est à l'honneur. Ne cherchez pas, c'est strictement subjectif !


Illustration réalisée par Amano Yoshitaka pour le jeu Final FantasyLe jeu vidéo, Art narratif ?

 

Le jeu vidéo puise ses plus grandes forces dans l'art de raconter une histoire. Bien loin des clichés injustement établis, ses capacités narratives sont exceptionnelles : certains jeux peuvent dépasser les cent heures de durée de vie, avec une progression narrative et "scénaristique" surplombant de très loin les capacités du cinéma. Les créateurs l'auront compris : plonger le joueur dans une histoire pleine de rebondissements et de protagonistes très travaillés sur le plan - n'ayons pas peur d'évoquer ce mot - psychologique, permettra de lui faire vivre une aventure intérieure longue et complexe, comme seule la littérature pouvait le faire jusqu'alors. Le tour de force du jeu vidéo narratif, plus que ça, se trouve aussi et surtout dans sa réalisation. Un terme commun au cinéma (comme le scénario, les acteurs - prêtant leurs voix aux personnages - ou la direction artistique) à laquelle une attention toute particulière est apportée.

 

L'orinisme de certaines oeuvres n'est donc plus à démontrer : Shadow of the Colossus (Wanda to Kyozo en japonais), oeuvre majeure ayant droit à un article dans Beaux Arts Magazine, est une véritable métaphore abstractive de l'utilisation de l'espace, où la mélancolie et le surréalisme en font une oeuvre picturale en perpétuel mouvement, où - nouveauté dans l'art de raconter une histoire - nous sommes invités à participer. Un aspect participatif souvent relégué au rang du simple divertissement... mais là où la littérature ou le cinéma recèlent d'oeuvres de divertissement, il s'y trouve également des oeuvres majeures qui auront définitivement marqué les esprits. Pourquoi le jeu vidéo n'aurait-il pas ses chefs d'oeuvre ?

 

Wanda to Kyozo (Shadow of the Colossus)


Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Laurent Valero
Thématique : Poème musical

 

Wanda to Kyozo1. Inishie no Chi he ("La terre des temps anciens")

Prologue musical issu du jeu Wanda to Kyozo ("Le vagabond et le colosse", Shadow of the Colossus), composé et arrangé par Otani Kow.
Première piste de la bande originale du jeu, publiée en Décembre 2005.

NB : Otani Kow au piano et au bouzouki irlandais, le Gey's AX aux Choeurs et le Masatsugu Shinozaki Group aux cordes.

 

 




2. Oakvale ("La vallée des chênes")


Pièce illustrative du jeu Fable, composée par Russell Shaw et orchestrée par Allan Wilson.
Seconde piste de la bande originale du jeu, publiée en Février 2005.

NB : Thème du jeu composé par Danny Elfman. Bande originale interprétée par le Philharmonia Orchestra de Londres sous la direction d'Allan Wilson.

 

 

 

 

Dimanche 22 juillet 2007
Chronique du 22 Juillet 2007


Cette semaine, une troisième chronique un peu spéciale, puisque c'est la seule à avoir pour thématique un unique compositeur, et pas des moindres : Sugiyama Kôichi.

 

Sugiyama KoichiSugiyama Kôichi est devenu, au fil des années, un très grand nom de la musique de jeu - selon certains, dont Uematsu Nobuo (compositeur des Final Fantasy), il en est même le meilleur représentant. Débutant dans les années cinquante en composant des musiques pour la télévision (notamment pour des publicités et des dessins-animés) mais également en réalisant des programmes sur Fuji TV, Sugiyama Kôichi se familiare très tôt avec le monde des médias et tisse des liens très forts avec de nombreux protagonistes du milieu. A la fin des années 70, il débute des compositions pour le jeu vidéo et c'est en 1986 que les dirigeants de la société Enix Corporation (publiant des jeux vidéo et des Manga - bandes dessinées japonaises) firent appel à lui pour écrire la musique de Dragon Quest, qui sera un énorme succès.

 

Suite et grâce à ce succès sans précédent, Sugiyama Kôichi se servit de son nom (déjà quelque peu célèbre) et ses contacts dans le milieu des médias pour organiser ce qui sera une première : l'interprétation, par un grand orchestre symphonique, de musiques de jeu arrangées pour l'occasion. Dirigeant par la suite lui même le London Philharmonic Orchestra en marchant sur les pas de la musique de film (un "genre" lui-même mésestimé à ses débuts), ce coup d'estoc dans le milieu - conservateur, mais pas tant que cela au Japon - de la musique classique fit grand bruit.

 

Organisant par la suite des Family Classics Concerts ("concert classique familial"), Sugiyama Kôichi veut non seulement prouver que la composition de musique de jeu vidéo n'est pas forcément un pis-aller, mais également pousser les joueurs (et leurs parents) à des concerts de musique classique, où il ne se privera pas d'imposer ses goûts : dès 1987 avec le Tokyo String Orchestra, Sugiyama Kôichi interpréta le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns en plus des musiques de Dragon Quest.

 

Concert Dragon Quest

Souvent comparé à Bach et Haendel pour l'apport baroque de ses oeuvres, ou Strauss, Debussy et Saint-Saëns pour la modernité de son style, Sugiyama Kôichi impressionne par la souplesse de son écriture, son classicisme, ses orchestrations et sa direction d'orchestre remarquable, mais également pour son éclectisme, n'hésitant pas, par exemple, à mélanger classique et jazz, rappellant alors Lalo Schifrin et ses Jazz meets the Symphony.

A la fois doyen, précuseur et compositeur actif de musique classique tirée de jeu vidéo, Sugiyama Kôichi aura finalement prouvé que si les sonorités "idiotes et sans saveurs" des jeux vidéo pouvaient amener les joueurs à s'intéresser à de la vraie musique, elles pouvaient également enseigner à leurs compositeurs l'exploration de nouvelles façons de penser leurs oeuvres ainsi que de nouveaux horizons musicaux.

 

 

 


Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Emilie Munera
Thématique : Sugiyama Kôichi

 

Symphonic Suite Dragon Quest VI Maboroshi no Daichi1. Egée-kai ni Funade Shite ("Navigation sur la Mer Egée")

Arrangement classique d'une musique issue du jeu Dragon Quest VI (1995), composée, arrangée et conduit par Sugiyama Kôichi, avec le Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra.
Cinquième piste de l'album Symphonic Suite Dragon Quest VI Maboroshi no Daichi ("La grande terre des illusions"), publiée en Juillet 2006.

NB : Suite symphonique à l'origine interprétée par le London Philharmonic Orchestra en 1994.

 

 

 

Symphonic Suite Dragon Quest VII Eden no Senshitachi2. Hukkatsu no Inori ("La prière de la résurrection")

Arrangement classique d'une musique issue du jeu Dragon Quest VII (2000), composée, arrangée et conduit par Sugiyama Kôichi, avec le Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra.
Quatrième piste du second CD de l'album Symphonic Suite Dragon Quest VII Eden no Senshitachi ("Les guerriers de l'Eden"), publiée en Octobre 2006.

NB : Suite symphonique à l'origine interprétée par le London Philharmonic Orchestra en 2000.

 

 

 

 

Dimanche 15 juillet 2007
Chronique du 15 Juillet 2007


Pour cette seconde chronique sur la musique dans le jeu vidéo, et pour fêter l'arrivée tardive du soleil dans notre belle capitale, c'est la "musique celtique japonaise" qui est à l'honneur.

 

Les jeux dits d'aventures sont généralement des jeux à scénario, avec un développement narratif semblable au cinéma. Les "jeux de rôle" en sont les meilleurs représentants, s'inspirant énormément de la culture occidentale et évoluant généralement dans le genre "Fantasy". L'attrait des concepteurs de jeux de rôle pour la musique celtique est un des points fondamentaux de la musique de jeu ; les compositeurs font souvent appel à des artistes étrangers, lorsqu'ils ne se rendent pas eux-même en Europe pour étudier la culture et s'en imprégner pour leurs compositions...

 

Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Emilie Munera
Thématique : Musiques celtiques japonaises

 

Creid1. Lahan

Arrangement celtique d'une musique issue du jeu Xenogears, composé par Mitsuda Yasunori, arrangé par Mitsuda Yasunori et Otsuki Hidenobu.
Neuvième piste de l'album Creid ("Croire" en Gaélique), publiée en Avril 1998, rééditée en Juin 2005.

NB : Maria Kalaniemi à l'accordéon et Máire Breatnach au Fiddle (nom irlandais pour désigner le violon "celtique")

 

 


Celtic Moon2. Troian Beauty

Arrangement celtique d'une musique issue du jeu Final Fantasy IV, composé par Uematsu Nobuo et arrangé par Máire Breatnach.
Quinzième piste de l'album Celtic Moon, publiée en Octobre 1991, rééditée en Octobre 2004.

NB : Album entièrement arrangé par la violoniste Máire Breatnach et interprété par un ensemble de musiciens Irlandais. Enregistré en été 1991 aux Starc Studios à Dublin, en Ireland.

 

 

 

 

 

Mardi 10 juillet 2007
Chronique du 8 Juillet 2007


Ce dimanche 8 Juillet est le jour de la première chronique sur France Musique dans l'impressionnante Maison de la Radio de Radio France.
Afin de permettre aux auditeurs de visualiser la musique de jeu vidéo, les deux morceaux diffusés ont été choisi pour leur caractère orchestral et grandiloquent. Le premier, Liberi Fatali, pièce d'ouverture du jeu Final Fantasy VIII, est d'inspiration orffienne (Carmina Burana, O Fortuna), avec une propantion dramatique digne d'un Dies Irae.


Le second morceau, Albedo, du jeu Xenosaga, est l'exemple-type de l'orchestre virtuel massivement utilisé dans le jeu vidéo et au cinéma, avec une voix et un ensemble symphonique très impressionnants de réalisme.

 

Fiche Technique
Dans Les Pieds dans l'Aube, présenté par Emilie Munera
Thématique : Musiques orchestrales symphoniques

 

1. Liberi Fatali

Pièce d'ouverture du jeu Final Fantasy VIII, composée par Uematsu Nobuo et arrangée par Hamaguchi Shiro.
Première piste du premier CD de la bande originale du jeu, publiée en Mars 1999, rééditée en Mai 2004 (première image à partir de la gauche).

Egalement disponible sur l'album d'arrangements pour orchestre Fithos Lusec Wecos Vinosec - Final Fantasy VIII, publiée en Novembre 1999, rééditée en Juillet 2004 (deuxième image).

 

 


2. Albedo

Pièce illustratrice du jeu Xenosaga Episode I : Der Wille zur Macht, composée et arrangée par Mitsuda Yasunori.
Quatorzième piste du second CD de la bande originale du jeu, publiée en Mars 2002 (première image en partant de la gauche), rééditée en Mai 2004 (deuxième image).

NB : Bande originale en grande partie interprétée par le London Philharmonic Orchestra (direction : Steven Lloyd) et le Metro Voices (direction : Jenny O'Grady).

 

 

 

 


Communiqué officiel


Tous les samedis et dimanches matin, Les Pieds dans l’Aube vous propose un grand voyage musical. Entre 7h et 8h, nous nous baladerons à travers un thème choisi, de Venise à l’Enfance, en passant par les Chats en musique ou encore la Folie à l’Opéra. A 7h50, un musicien nous dévoilera quelle œuvre il aurait aimé composer ou quel artiste a bouleversé sa vie. A 8h, un artiste au passé classique nous racontera ce qui l’a poussé à choisir un tout autre chemin comme la variété, l’écriture ou la comédie. Enfin, à 8h50, vous retrouverez une chronique : le samedi, Christian Leblé vous parlera des bis de concert et le dimanche, Romain Dasnoy décryptera la musique de Jeux Vidéo.


Mini-site officiel de la chronique sur France Musique



À propos


A propos

 

Chroniques et site produits et réalisés par Romain Dasnoy.
Pour toute question, vous pouvez nous joindre sur fm [at] joehisaishi [dot] net


Entretien avec Romain Dasnoy
Par Nephandi de http://www.gameplaylist.fr/


Comment vous est venu à l’esprit le projet de la chronique « La Musique de Jeu » ?

En fait, ça rejoint la passion dont sont animés, en temps normal, les journalistes culturels : l’envie de faire partager et de faire reconnaitre une œuvre pour ses qualités, et non par ce qu’elle est : il se trouve que je n’éprouve aucun intérêt à parler de musique de film dans une revue de cinéma, ou de musique de jeu dans un magazine de jeu vidéo. Pour ça, j’admire le journaliste Pierre Gaultier pour avoir réussi à écrire une vraie critique (et non un « test ») du jeu Shadow of the Colossus dans Beaux Arts Magazine. De la même façon, Nicolas Saada et sa mythique émission de musique de film sur Radio Nova permettent à cette musique d’exister en dehors du cadre cinématographique. Parler de jeu vidéo à des cinéphiles, de cinéma à des passionnés d’arts ou de littérature à des gamers, ça représente non seulement un défi, mais également une manière radicale de créer des liens qui ne seraient possibles autrement. A l’époque, des magazines comme Player One laissaient une très grande part à la musique et au cinéma dans leurs pages, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Etant passionné de musique, de jeu vidéo et de cinéma, il était évident pour moi que l’émission de Nicolas Saada devait être « adaptée » pour le jeu vidéo, dans un cadre où on ne parlerait pas du tout de jeu vidéo, mais en réalité bel et bien de musique.


L’idée d’une émission radio basée sur la musique vidéoludique fait rêver, surtout sur une radio aussi prestigieuse que France Musique. Quelles démarches avez-vous entrepris pour parvenir à sa présence sur les ondes ?

Soyons modeste : il s’agissait d’une chronique de dix minutes ! D’ailleurs, le but n’était pas tant diffuser de la musique de jeu. Comme je l’ai dit tout à l’heure, le but est de faire reconnaitre des œuvres hors de leur contexte. En fait, il s’agissait plutôt d’une chronique sur les compositeurs s’adonnant au jeu vidéo. C’est sur ce postulat de base que j’ai écrit aux radios. Il m’a fallu, pour cela, envoyer des mails. Beaucoup de mails, quelques coups de téléphone ; je ne me suis absolument jamais déplacé. Le point positif du mail c’est que l’on peut tourner ses phrases pour accrocher l’interlocuteur très rapidement. Il suffit ensuite d’inclure une présentation détaillée en PDF et quelques MP3. J’ai mis en avant le travail orchestral de Yasunori Mitsuda, les Piano Collections des Final Fantasy, un très bel arrangement de Motoi Sakuraba et des morceaux plus Jazz comme ceux de l’album The Brink of Time, toujours de Mitsuda. Je ne sais pas dans quelle mesure ses morceaux m’ont aidé, mais ils rendent indéniablement crédible la musique de jeu !


Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées au cours de votre démarche ?

A l’époque, j’avais effectué un petit travail pour MK2 Music, pour une collection de CD de musiques de films. Il me semblait évident que les passionnés de musique s’intéressent à toutes les musiques, peu importe leur provenance. J’ai eu tord ! Toutes les radios m’ont claqué la porte au nez lorsqu’elles ont dénié me répondre, se moquant pratiquement de ma proposition. Même Radio Nova, indépendant, « militante » et hébergeant l’émission de Nicolas Saada, n’a pas du tout été intéressé. Finalement, je me suis tourné vers les radios classiques, en adaptant mon concept à la musique orchestrale. Et là, j’ai eu des réponses. Au bout de trois ans de recherche, la radio France Musique a acceptée mes idées. Ils m’ont alors dit de réaliser une maquette. Mes démarches ont été infructueuses car je ne m’adressais pas aux bonnes personnes. Les radios classiques se révèlent bien plus ouvertes que les autres ; il faut toujours faire attention aux idées reçues pour savoir où chercher. Que France Musique accepte une chronique sur la musique de jeu vidéo et pas Radio Nova, je trouve ça drôlement ironique !


Lors de vos chroniques, vous soulignez les relations existantes entre les musiques de jeu vidéo et de cinéma. Pourriez-vous nous expliquez quels liens étroits entretiennent ces deux milieux ?

Un film, tout comme un livre, est une œuvre narrative. Cela vaut pour chaque œuvre audio-visuelle, du téléfilm à la série en passant par le documentaire et le cinéma traditionnel. La définition du jeu vidéo est plus délicate, puisque s’il s’agit d’une œuvre audio-visuelle, elle n’est pas nécessairement narrative. Rappelons que le jeu le plus vendu, et qui est donc le premier produit culturel au monde, est un jeu de foot. Cela n’empêche pas la musique de jeux non-narratifs d’être intéressante. Mais le lien entre le cinéma et le jeu vidéo se trouve donc très subtil. Pour ça nous parlons de jeux narratifs, donc grossièrement des jeux d’aventures, genre pourvu d’un scénario, d’acteurs (réels ou virtuels – parfois les deux, avec les voix digitalisées), d’une mise en scène et d’une musique dotée de motifs : un thème pour tel ou tel personnage, pour tel ou tel lieu, etc. L’exemple parfait au cinéma est Star Wars. John Williams a créé des thèmes pour chaque personnage et/ou situation. On retrouve cette façon de faire, par exemple, dans les Final Fantasy.

En fin de compte, certains jeux vidéo, disposant d’un scénario et donc d’un développement narratif, présentent de très nombreux points commun avec le cinéma (on pourrait citer des jeux comme Metal Gear Solid ou les jeux de rôle, où le joueur peut être amené à perdre le contrôle du jeu pour assister à une scène « cinématique », donc passivement, comme au cinéma). Musicalement, il s’agit donc tout bonnement de musique d’image, un terme quasi-inventé qui englobe les musiques illustrant le cinéma ou le jeu vidéo, sans distinction.

La musique de jeu tire sa personnalité dans le caractère ludique du jeu vidéo : la musique n’est donc pas composée à la seconde près en fonction de l’image (comme c’est le cas au cinéma), elle accompagne l’action du joueur et s’adapte même en fonction de ses capacités. Dans le premier Mario, la musique s’accélère lorsqu’il ne nous reste plus beaucoup de temps pour terminer le niveau ; dans l’introduction de Vagrant Story, la musique évolue au fur et à mesure de l’enchaînement des fenêtres de discussion, que le joueur soit lent ou rapide, sans qu’aucune différence ne se fasse entendre, ce qui permet alors à certaines séquences d’être réglées sur la musique comme au cinéma. Des exemples comme cela, il y en a des tonnes. Si la musique de jeu est très proche de la musique de film, elle peut aussi être fondamentalement différente, car la perception d’un jeu, même narratif, est très différente de la perception d’un film.

On peut remarquer aussi, malgré tout, que de nombreux compositeurs venant du cinéma ont fait ou font également de la musique de jeu vidéo. Le processus de création ne semble pas si différent que ça, mais le résultat nous semblera forcément différent à l’arrivée. Un jeu comme Final Fantasy, accusant des dizaines d’heures de jeu, n’aura pas le même nombre de musiques : il faut jouer sur les variations, sur les très nombreux personnages rencontrés et lieux visités, sur la progression narrative exceptionnellement riche du jeu de rôle et bien d’autres choses encore. La musique de jeu n’est donc pas le parent pauvre de la musique de film, bien au contraire.


Comment avez-vous sélectionné les différentes compositions présentées tout au long des chroniques ?

Plusieurs voies se sont offertes à moi. Sachant que je m’adresserai à des novices en matière de jeu vidéo (ce qui était le but) mais aussi à des gens particulièrement passionnés de musique classique et de Jazz, il était évident pour moi de ne sélectionner que de la « belle » musique de jeu. Il s’agissait donc de musique orchestrale, qu’elle soit à tendance classique, Jazz, traditionnelle ou encore celtique. Une partie non négligeable de ma sélection provenait donc d’albums d’arrangements, et non de BO de jeux, comme les Piano Collections de Final Fantasy, les arrangements de Star Ocean, Dragon Quest ou encore Shenmue.

Diffuser de la musique de jeu plus vieille, donc grossièrement du « bip bip » façon Super-NES (je caricature bien évidemment, mais c’est exactement l’impression qu’auraient eu les auditeurs !), aurait été une erreur, même si j’en suis également fan. Il s’agissait avant tout pour moi de crédibiliser les compositeurs de musique de jeu aux oreilles des « connaisseurs » que sont souvent les auditeurs d’une telle radio. Evidemment, j’ai également cherché à être éclectique. Final Fantasy c’est bien beau (il s’ agit d’ailleurs du jeu le plus représenté dans ma chronique), mais il était important également de parler de titres comme Grandia, Jade Empire ou encore Fable.


La musique de jeu vidéo au Japon possède une place bien plus prisée qu’en Europe. En tant que responsable du festival Japan Expo, véritable hommage à la culture Japonaise en France, comment encouragez-vous la promotion de la musique de jeu en général ?

Japan Expo est un salon qui repose essentiellement sur le Manga et la musique japonaise. Le jeu vidéo y est également très présent, mais mon expérience avec France Musique m’a permis de constater que la grande majorité des joueurs ignorait qui étaient Masashi Hamauzu, Kôji Kondô ou encore Kôichi Sugiyama. Dans ces conditions, il est dur de trouver les ressources nécessaires pour programmer des événements autour de la musique de jeu. Le plus probable reste le concert, mais il s’agit également de l’option la plus chère. Produire un concert est un énorme investissement, notamment avec un grand orchestre. La musique de jeu doit faire sa propre promotion : quand les éditeurs daigneront éditer des BO de jeux en Europe, un véritable marché se mettra en place.


En tant qu’organisateur, vous participez chaque année au festival Jules Verne Aventures, l’un des seuls évènements en France à présenter un concert de musique de film. Quelle est votre réaction vis à vis de l’arrivée prochaine de « Video Games Live », concert international de musique de jeu vidéo, en France ?

Video Games Live annonce depuis quelques temps sur son site la volonté de venir jouer à Paris. En réalité – et je tire l’information de Tommy Tallarico lui-même, le créateur de VGL –, ils cherchent encore des investisseurs ; ce n’est donc pas à l’ordre du jour (nb : entre temps, le concert a donc eu lieu fin 2008 en France à Paris). Le problème avec la France, c’est que nous avons un sérieux problème culturel. Le festival Jules Verne Aventures est un bon exemple : il s’agit du seul événement Français, avec le festival d’Auxerre, à programmer un concert régulier de musique de film. La musique de jeu ne peut donc que difficilement s’imposer dans un pays aussi frileux que le nôtre culturellement parlant. Je suis persuadé que VGL arrivera à faire un concert en France prochainement, mais rien n’indique que le rendez-vous deviendra régulier. Ca sera un moment jouissif avec des fans qui gueulent à chaque début de musique, un peu comme dans les concerts des Convention Star Wars. Sauf qu’à la place de Jedis et de Stormtroopers, certains spectateurs seront en Cosplay Final Fantasy ! Donc pour répondre à ta question : un tel concert me ferait très plaisir, mais j’ai un peu peur que la réaction enthousiasme des fans empêche les non-fans d’apprécier le spectacle, et donc de se faire une opinion positive sur la musique de jeu et le jeu vidéo en général.


A la lumière des recherches et de l’attention que vous portez à la musique de jeu vidéo, comment voyez-vous son évolution sur le marché occidental ?

Je ne vois pas vraiment comme elle peut évoluer, puisque le marché est inexistant chez nous, mis à part quelques boutiques aux produits pas tout à fait légaux… Il y avait bien eu l’édition de la BO de Kingdom Hearts, mais il s’agissait surtout de mettre en avant un produit de Disney. En fait, je suis un peu pessimiste : je ne pense pas que la situation va changer avant longtemps. Les éditeurs n’ont aucun intérêt à éditer des CD chez nous, alors que l’import représente une part non négligeable de sites comme NeoWing, qui s’est entièrement traduit en anglais (CD Japan) afin de répondre à la demande. Les éditeurs français, quand à eux, penchent plutôt vers la J-Pop / J-Rock, marché plus sûr et probablement plus stable. Le marché de la musique de jeu est donc en train de se scléroser, alors que le casual gaming s’impose de plus en plus. Ce n’est, dans le fond, pas très grave ; cet immobilisme est synonyme de stabilité pour les fans que nous sommes, et dans ce cadre, la musique de jeu se porte très bien !



 

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